Le gouvernement de transition qui sera mis en place par l'opposition libyenne se mettra au travail même si Mouammar Kadhafi persiste à s'accrocher à son fauteuil de « guide de la révolution », a déclaré mardi un diplomate libyen à l'ONU.
L'ambassadeur adjoint de la Libye à l'ONU, Ibrahim Dabbashi, s'est dit persuadé que Mouammar Kadhafi, encerclé par l'opposition et sous pression de la communauté internationale, finira par renoncer au pouvoir.
Au pouvoir depuis 1969, le colonel Mouammar Kadhafi tente de réprimer un mouvement de rébellion depuis deux semaines, mais il a perdu le contrôle de vastes secteurs du pays.
« Parfois cela prend seulement quelques jours, parfois des semaines. Cela dépend des changements dans l'état des forces », a-t-il dit. Kadhafi « dispose d'une énorme force militaire, mais certains militaires restent neutres [...]. Si les militaires qui restent neutres changent de position, en quelques jours il partira », a estimé le diplomate.
Entre-temps, le gouvernement de transition sera formé « prochainement » et commencera à travailler même si le dirigeant continue de contrôler Tripoli et sa région, a-t-il déclaré.
M. Dabbashi a expliqué que le gouvernement provisoire se réunira dans un premier temps à Benghazi et ne siégerait dans la capitale que lorsqu'elle serait « libérée ». « Nous voulons qu'il soit installé le plus vite possible afin d'assurer le lien entre le peuple libyen et le monde extérieur », a-t-il insisté.
Des contacts ont déjà été amorcés avec les Nations unies en vue d'une reconnaissance par la communauté internationale, a indiqué l'ambassadeur.
M. Dabbashi avait été l'un des premiers diplomates libyens à faire défection en signe d'opposition à la répression brutale des opposants par les forces du dictateur Kadhafi.
L'opposition libyenne a annoncé samedi la formation d'un « Conseil national indépendant » à Benghazi, épicentre du soulèvement populaire, responsable de la représentation « toutes les villes libérées de Libye ».
Opposition grandissante à la solution militaire
Pendant ce temps, la communauté internationale jongle toujours avec l'idée d'une intervention militaire pour faire définitivement tomber Mouammar Kadhafi, mais plusieurs voix s'élèvent contre cette solution.
L'opposition craint qu'une opération étrangère ne la dépossède de son soulèvement alors quel'armée américaine positionne des forces navales et aériennesautour de la Libye.
Un projet de résolution qui doit être soumis mercredi au vote des ministres des Affaires étrangères de la Ligue arabe s'oppose à ce que des forces étrangères interviennent en Libye, a indiqué mardi un responsable de l'organisation. Les chefs de la diplomatie des 22 pays membres de la Ligue arabe doivent se réunir mercredi au Caire pour se prononcer sur le projet.
M. Dabbashi a insisté dans la même veine pour que les armées étrangères restent en dehors de la Libye. « Si quiconque peut aider les Libyens à se débarrasser du régime Kadhafi, ce sera apprécié. Mais il y a un consensus national en Libye pour considérer qu'aucune intervention étrangère directe ne serait acceptée sur le terrain », a insisté le diplomate.
Le nouveau ministre français des Affaires étrangères, Alain Juppé, a estimé mardi qu'une intervention militaire de l'OTAN en Libye pourrait être « extrêmement contre-productive » dans l'opinion arabe.
« Avant d'en arriver là, nous essayons d'accentuer les pressions pour faire tomber Kadhafi, il va tomber, il tombera, parce qu'il est déjà isolé dans Tripoli », a ajouté le ministre, qui succède à Michèle Alliot-Marie.
Sommet extraordinaire de l'UE
Les chefs d'État et de gouvernement de l'Union européenne (UE) se réuniront dans dix jours à Bruxelles pour discuter de la façon de réagir aux bouleversements en Libye et ailleurs en Afrique du Nord. Ce sommet extraordinaire se tiendra en grande partie à l'insistance de la France et de la Grande-Bretagne pour une action urgente.
Photo: AFP/Getty Images/Chris Hondros Ibrahim Dabbashi, ambassadeur adjoint de la Libye à l'ONU |