La paralysie du transport aérien due à l’immense nuage de cendres craché par un volcan islandais s’est aggravée hier en Europe, plusieurs pays prolongeant la fermeture de leur espace, et l’OACI a estimé que les dommages causés au trafic dépassaient ceux du 11 Septembre.
L’impact de l’immense nuage de cendres craché par un volcan islandais sur le transport aérien « dépasse celui
du 11 Septembre en termes de vols annulés et d’inconvénients causés aux aéroports », a déclaré hier à Montréal le porte-parole de l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI).
La paralysie provoqué par les attentats de 2001 était jusqu’ici le pire blocage de l’histoire du transport aérien.
Nombre de pays européens ont prolongé jusqu’à aujourd’hui, voire demain matin, la fermeture de leur espace aérien.
L’espace aérien du nord de l’Italie est ainsi fermé jusqu’à demain 6 heures GMT.
L’Irlande et le Royaume-Uni, premiers pays à avoir été touchés jeudi par le nuage émis par le volcan Eyjafjöll, en éruption sous le glacier Eyjafjallajökull, ont dû refermer hier leurs espaces aériens après quelques heures de répit vendredi : jusqu’à ce matin 6 heures GMT au Royaume-Uni et 12 h GMT en Irlande.
17 000 vols annulés
Près de 17 000 vols sur 22.000 prévus ont été annulés hier en Europe, a indiqué Eurocontrol, l’organisation européenne pour la sécurité de la navigation aérienne. « C’est exceptionnel et sans précédent en Europe », a déclaré son chef du réseau d’opération.
Selon l’Institut météorologique d’Islande, les vents devraient continuer à souffler le nuage vers l’Europe pendant les quatre à cinq prochains jours au moins.
Plusieurs participants à la réunion des ministres des Finances de l’UE à Madrid ont quitté la ville précipitamment hier pour éviter d’être piégés par le nuage. L’Espagne a fermé sept aéroports du nord du pays.
La Suède et la Norvège, qui avaient partiellement rouvert leur ciel vendredi, ont de nouveau interdit tout vol.
Tout au long de la journée, les pays européens ont prolongé la fermeture de leur espace aérien. L’Autriche – en dessous d’une altitude de 7 500 mètres –, a étendu la fermeture jusqu’à 0 h GMT aujourd’hui, le Danemark, la Belgique et l’Allemagne jusqu’à 6 h GMT et la Finlande jusqu’à 12 h GMT.
En Pologne, l’espace aérien restera fermé jusqu’à nouvel ordre. Le pays, notamment l’aéroport de Cracovie, attend l’arrivée aujourd’hui de plus de 80 délégations étrangères pour les obsèques du président Lech Kaczynski. La LOT a annulé tous ses vols jusqu’à demain 12 h GMT.
Les espaces aériens de Serbie, du Monténégro et d’une partie de la Bosnie-Herzégovine sont fermés jusqu’à nouvel ordre.
Désormais la Slovénie, l’Ukraine et le Belarus ont aussi limité l’accès à leur espace aérien.
La Lufthansa a annoncé qu’elle annulait tous ses vols dans le monde jusqu’à aujourd’hui 12 h GMT. Ryanair a suspendu, jusqu’à demain 12 h GMT, ses vols dans le nord de l’Europe et les Etats baltes. Brussels Airlines a annulé tous ses vols jusqu’à 10 h GMT demain. British Airways a annulé ses vols avec les aéroports londoniens Heathrow et Gatwick hier et aujourd’hui.
Des millions de voyageurs bloqués dans le monde tentent de rallier leur destination par des moyens terrestres ou maritimes.
La compagnie Eurostar, qui a rajouté des trains depuis jeudi, a opéré vendredi 58 liaisons entre Londres et le continent. Toutes affichaient complet.
Les ferries sont également pris d’assaut : la compagnie P&O a reçu 40 000 appels vendredi, et embarqué 6 000 passagers piétons contre 100 à 200 un vendredi normal d’avril. Le port de Douvres a connu une forte activité.
L’éruption du volcan ne montrait aucun signe d’accalmie. Des experts ont averti qu’elle pourrait durer plusieurs semaines.
Les nuages de cendres peuvent limiter la visibilité et risquent d’endommager les réacteurs des avions, même s’ils se trouvent à très haute altitude.
La paralysie du trafic aérien coûte plus de 200 millions de dollars (147,3 millions d’euros) au secteur par jour, estime l’Association internationale du transport aérien.