Mohammed El Gharani imaginait sûrement un autre comité d'accueil pour son arrivée à Ndjamena. Des embrassades avec sa famille, une promenade sur les bords du Chari. Le jeune homme de 22 ans qui a grandi en Arabie Saoudite n'avait jamais été au Tchad et pour son premier voyage, après sept ans de détention à Guantanamo, c'est dans un bureau du commissariat central de Ndjamena qu'il a passé sa première semaine.
Pourtant, les autorités ne lui reprochaient rien mais pour le ministre de l'Intérieur Ahmat Bachir, avant de relâcher Mohammed El Gharani dans la nature, une enquête était nécessaire :
« Mettez-vous à notre place, on vous balance quelqu’un comme ça, sans documents, sans rien; on vous dit : c’est quelqu’un qui sort de Guantanamo. Or, le problème du terrorisme me tient à cœur aussi. Donc, c’est pour ces raisons principales que nous avons ouvert un dossier pour savoir s'il est Tchadien. Où sont ses parents ? Pourquoi a-t-il été détenu ? Dans quelles conditions est-il en ce moment ? Est-ce qu’il n’est pas malade ? Est-ce que la torture n’a pas laissé des traces ? Ce sont toutes ces démarches que nous avons engagées pour savoir, et à la lumière desquelles, il est libre aujourd'hui ».
L'organisation Reprieve qui s'était mobilisée pour sa libération de Guantanamo se félicite que Mohammed El Gharani ait pu enfin retrouver sa famille mais ne comprend que les autorités tchadiennes aient fait autant de difficultés.
D'après cette ONG, la justice américaine avait transmis à Ndjamena le dossier du jeune homme, la sécurité à l'aéroport était prévenue de son arrivée et deux de ses oncles l'attendaient. Finalement, Mohammed El Gharani est désormais libre. Il espère maintenant reprendre des études et fonder un foyer.
RFI