BRAZZAVILLE - Le Bassin du Congo, deuxième poumon écologique de la planète après l'Amazonie, n'a recueilli pour préserver ses forêts que 200 millions de dollars sur un fonds spécial alors qu'il escomptait au moins 2 milliards, les pays occidentaux tardant à tenir leurs promesses.
"Nous avions besoin de 2 milliards de dollars. Aujourd'hui, nous en avons besoin de plus", a affirmé récemment à l'AFP la prix Nobel de la Paix 2004, la Kenyane Wangari Maathai, fervente militante écologiste et ambassadrice depuis trois ans du Bassin du Congo.
Les 11 chefs d'Etat du Bassin du Congo avaient, lors d'un sommet en 2005 à Brazzaville consacré aux écosystèmes forestiers d'Afrique centrale, mis sur pied un plan rassemblant tous les projets liés à la gestion durable des forêts de ce bassin.
Pour le moment, seules la Grande-Bretagne et la Norvège ont versé environ 100 millions chacune au fonds créé par la Banque africaine de développement (BAD).
Beaucoup de pays occidentaux ont promis d'apporter des contributions, qui ne se sont jusque-là pas concrétisées; c'est le cas de l'Allemagne, des Etats-Unis, de la France, du Canada. A ces pays, il faut ajouter les organisations telle la FAO qui doivent apporter de l'expertise.
"Ceux qui possèdent les ressources financières les plus importantes (...) se montrent plus lents, très lents pour décaisser les sommes qu'ils s'étaient engagés à apporter afin d'assurer la pérennité" du Bassin du Congo, a récemment déploré le président congolais Denis Sassou Nguesso, dont le pays couvre 10% de la superficie du Bassin.
"Pour notre part, nous avons engagé avec nos maigres moyens, depuis plusieurs décennies déjà, des actions en faveur de notre poumon vert", a ajouté M. Nguesso.
Parmi ces actions, a-t-il rappelé, figure la création de plus de 5 millions d'hectares de nouvelles aires protégées, dont le "Tri-national" de la Sangha (TNS) qui englobe des parcs nationaux et concessions forestières du Cameroun, de la Centrafrique et du Congo, ainsi que le Tri-national Dja-Odzala-Minkebe (Tridom) qui englobe des parcs, des concessions et un corridor forestiers du Gabon, du Cameroun et du Congo.
Outre le Cameroun, la Centrafrique, le Congo et le Gabon, le Bassin du Congo couvre sept pays: Angola, Burundi, Guinée équatoriale, République démocratique du Congo (RDC), Rwanda, Sao Tomé et Principe et Tchad.
Fort d'une diversité biologique exceptionnelle, il contribue à l'absorption du gaz carbonique et surtout à la lutte contre l'effet de serre.
Selon des scientifiques, sa plus grande ressource en eau douce, le fleuve Congo, représente 30% des réserves de toute l'Afrique et pourrait produire jusqu'à 40.000 mégawatts. A peine 5% de son potentiel est actuellement utilisé.
Or, ces écosystèmes sont menacés par la croissance démographique, le développement prévisible de l'urbanisation ainsi que l'exploitation des produits forestiers.
D'où la demande, notamment des ONG et des pays de la région, pour des investissements en vue de la "conservation et la gestion durable du Bassin du Congo". Les fonds requis devraient ainsi aider des communautés locales à promouvoir "des modes de vie compatibles" avec cette préservation.
Les nouvelles estimations des besoins pour préserver les forêts ne sont pas encore connues. Mais, lors du 6e Forum mondial du développement durable (FMDD) à Brazzaville fin octobre, de nouveaux appels ont déjà été lancés pour obtenir des financements pour la préservation de cet important écosystème.
(©AFP / 16 novembre 2008 12h09)