Les affrontements entres tribus rivales qui ont éclaté ce week-end autour de l'oasis de Koufra, dans le sud-est de la Libye, ont fait plusieurs dizaines de morts, rapportent jeudi 16 février les deux parties. Des miliciens de la tribu zwai affrontent des combattants toubous dirigés par Issa Abdel Madjid, qu'ils accusent de vouloirs'emparer de l'oasis avec l'appui de mercenaires venus du Tchad voisin, selonAbdelbari Idriss, un responsable zwai de la sécurité. Les hommes d'Abdel Madjidont combattu l'an dernier aux côtés des rebelles contre Mouammar Kadhafi.
"La situation reste compliquée aujourd'hui. Les Toubous ont attaqué la ville au mortier et il y avait des tireurs isolés", a déclaré Idriss à Reuters, ajoutant que les assaillants avaient reçu des renforts en provenance d'autres localités de cette zone désertique. Il a fait état de quinze morts et de quarante-vinq blessés parmi les Zwais.
Les Toubous se disent, eux aussi, agressés. Selon Mohammed Laban, membre de la tribu et représentant d'une association de Koufra, cinquante-cinq d'entre eux ont été tués et cent dix-sept blessés. "C'est la crise ici. Il n'y a pas de médecins, pas d'eau. Les magasins sont fermés", a-t-il déclaré à Reuters, joint par téléphone. L'ethnie toubou est principalement implantée dans le nord du Tchad, mais aussi dans le sud de la Libye, au Soudan et au Niger.
Le Conseil national de transition (CNT), qui exerce dorénavant le pouvoir en Libye, peine à asseoir son autorité sur les nombreux groupes tribaux et milices régionales qui ont essaimé pendant la guerre civile. Farhat Abdel Karim Bou Hareg, coordinateur des affaires sociales du gouvernement de Koufra, a accusé le CNT denégliger les intérêts de cette province, la plus étendue de Libye, qui borde le Tchad et le Soudan. Pour lui, l'attitude des nouvelles autorités libyennes, qui ne font rien notamment pour empêcher les attaques de "mercenaires", pourrait conduire la région à proclamer son indépendance.